Capitalisme

Exproprions tout ! À Berlin, socialiser la propriété pour lutter contre la gentrification

Traduit de l’anglais par Mickaël Correia et Lucile Dumont.
Texte original : « Expropriate Everything », paru dans The Brooklyn Rail, Field Notes, juillet-août 2019, disponible sur <brooklynrail.org>.

Le 23 février dernier, pour freiner la flambée du prix du logement provoquée par la gentrification de Berlin, les loyers de la capitale allemande ont été gelés pour une durée de cinq ans. Mais cette mesure cache mal le moteur principal de la gentrification, c’est-à-dire la place grandissante de l’immobilier dans la stratégie de croissance mondiale du capital. Représentant aujourd’hui 60 % des actifs mondiaux, l’immobilier façonne désormais l’espace urbain dans une seule optique : engendrer toujours plus de profit. Face à cette déferlante, les militant·es berlinois·es du logement luttent pour l’expropriation des propriétaires immobiliers. Pour sortir définitivement le logement de sa logique marchande et se réapproprier nos villes comme nos vies.

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Action(naires)/ Réaction(naires) Notes sur La Société ingouvernable de Grégoire Chamayou

Contrairement à sa dépolitisante condamnation médiatique et policière, la joyeuse mise à feu et à sac de « la plus belle avenue du monde » par une rue jaune de rage samedi dernier a été un message clair aux maîtres (de la fin) du monde. Pas simplement adressé gouvernement actuel de l’entreprise-France, mais aussi aux multinationales, ces gouvernements privés qui tentent encore de faire croire que leurs décisions répondent à une raison économique par delà le bien et le mal, par delà le politique. Dans La Société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire (La Fabrique, 2018), Grégoire Chamayou décrypte cette soi-disant raison économique en relisant les écrits et controverses des théoriciens du management et autres militants de l’économie ; il propose à ses lecteurs et lectrices une boîte à outil pour mieux appréhender les formes contemporaines du pouvoir. Mathieu Triclot nous en livre une recension placée sous le signe de l’amitié philosophique : pas de regard expert, mais une lecture critique d’un ouvrage qui cogne et enrage.
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« La gamification, c’est la rationalisation du jeu à des fins capitalistes » Entretien avec Sébastien Genvo, game designer

Dans les secteurs du management et du marketing, mais aussi à l’école ou sur nos écrans, le nombre d’applications utilisant les mécanismes du jeu va croissant. Game designer et professeur à l’université de Lorraine, Sébastien Genvo s’attache à mettre en lumière le fondement béhavioriste de ce phénomène de « gamification ». À cette capture capitaliste et néolibérale du game, il oppose une conception libératrice de play, fondée sur les notions d’expérimentation et de réappropriation.
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Howard Buffett au Congo Le problème de la philanthropie capitaliste

La colonisation n’en finit pas de sévir, et si l’occupation militaire des territoires n’est plus en vogue pour les pays occidentaux, d’autres moyens leur sont offerts pour asseoir leur position sur nombre de pays. La philanthropie, que l’on pourrait croire armée des meilleures intentions, fait partie des nouvelles formes de ce libéralisme postcolonial : en inondant les États et les structures locales de dollars, les grands investisseurs capitalistes noient dans l’œuf toutes les initiatives pour l’autonomie et la résistance des peuples autochtones. Pour exemple, voici le cas du businessman Howard Buffett, fils de Warren Buffett (troisième fortune mondiale), qui joue un rôle non négligeable dans le « développement » de la République démocratique du Congo et vient influencer les récits des journalistes ou des ONG là où aboutit son financement.
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Le port d’Anvers et le village fantôme Containérisation du monde et déplacements de vies

Traduction de l’italien par Claire Feasson Article original : « Anversa, il villaggio fantasma e il porto più efficiente del mondo », Napoli Monitor, 13 septembre 2017. Les marchandises s’en viennent, la vie s’en va. À l’extrême nord de la Belgique, sur les rives de l’Escaut, Anvers est aujourd’hui le deuxième port d’Europe, derrière Rotterdam, et la première place boursière mondiale. Comme au Havre en France, la zone portuaire veut s’étendre encore et toujours, et augmenter ainsi le flux de containers arrivés du monde entier. Mais ces monstres-boîtes, qui acheminent nos biens de consommation, mangent peu à peu les gens alentour. Entre les […]
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