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Comme s’il y avait une troisième chaise pour elle
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Traces d'un passage in utero
Vague après vague
Récit de quatre années de pandémie et d’autodéfense sanitaire
Jef Klak va voir ailleurs
Précédemment dans Jef Klak
Chambouler rôles et casseroles Retour collectif sur une grève de femmes sans-terre en Amazonie
Images : Marcos Santilli
Dans l’État du Rondônia, au Brésil, des paysan·nes sans terre occupent de grandes propriétés contre la confiscation des richesses foncières par une poignée de fortuné·es. Entre le travail agricole, le quotidien de la lutte et l’État policier répressif, ils et elles passent sans cesse d’une urgence à l’autre. C’est pourtant en plein milieu d’une occupation qu’un groupe de femmes lance un pavé dans la mare et dépose, en 1995, un préavis de grève illimitée du travail domestique. Rompant pendant plus de six mois avec les rythmes collectifs, elles prennent le temps de penser leur situation, leurs problèmes et leurs besoins spécifiques, et bouleversent durablement la vie de leur communauté.
À l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Jef Klak publie ici cet article initialement publié dans le sixième numéro de sa revue papier, « Pied à terre », encore disponible en librairie.
Difé Bananes, chlordécone, cancers
Samedi 27 février 2021, des milliers de manifestant·es se sont rassemblé·es en Martinique, en Guadeloupe et à Paris pour protester contre le déni de justice vécu par les victimes de l’empoisonnement au chlordécone.
Les tribunaux renâclent à établir les responsabilités et la plainte déposée en 2006 est menacée de prescription. Le pesticide, dont la toxicité est connue depuis le début des années 1960, a pourtant été épandu dans les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe pour lesquelles il a bénéficié de multiples autorisations dérogatoires jusqu’au milieu des années 1990. Polluant organique persistant et perturbateur endocrinien, il a contaminé les sols, l’eau et les corps – 90 % de la population est touchée – entraînant notamment une explosion du nombre de cancers.
Dans cette pièce sonore , réalisée pour le disque Terre de feu qui accompagne le septième numéro de Jef Klak, résonnent les sonorités du travail agricole de femmes et d’hommes qui approvisionnent en bananes les marchés des pays occidentaux. De la polyphonie nocturne des grenouilles hylodes de Basse-Terre surgit un appel pour sortir de la grande nuit : Difé, difé limanité ki la, difé 1 !
- « Le feu, c’est le feu de l’humanité, le feu ! » ↩
C’est la route qui compte Portrait de Jef Klak en travailleur⋅se du son
En février 2020 et dans la continuité de l’autoenquête travaillée dans notre numéro « Pied à terre », le groupe son de Jef Klak était invité au festival « Longueur d’ondes » à Brest. À plusieurs voix, nous sommes revenu⋅es sur les pratiques collectives du son en dressant un panorama de nos recherches et expérimentations de différents modes de productions et de collaborations. Au delà du plaisir et de l’enjeu de fabriquer ensemble, comment produire des œuvres, des objets culturels sans avoir de chaînes de hiérarchie entre nous ?
Discussions et écoute d’extraits de nos différentes créations sonores pour faire entendre nos tentatives et nos réflexions, et entrer ainsi dans la fabrique collective du collectif…
« Une fourche, un mouchoir, et tu te débrouilles. » La fabrique des colons en Nouvelle-Calédonie. Entretien avec Isabelle Merle
Au milieu du XIXe siècle, la montée en puissance du secteur industriel et la concentration urbaine modifient en profondeur la société française. Les laissé·es pour compte sont de plus en plus nombreux·ses dans les faubourgs, et les vols font la une des journaux. Pour se débarrasser de ce « trop-plein » et résoudre une question sociale de plus en plus pressante, l’État décide d’établir en terres australes une petite France à l’antipode de la métropole : la Nouvelle-Calédonie. Pour leur plus grand malheur, les Kanak voient leur île se transformer en une colonie pénitentiaire et résidentielle, sur laquelle le pouvoir colonial attribue des bouts de terres spoliées aux ex-bagnards et aux colons libres, dans l’espoir d’en faire des paysans laborieux. L’historienne Isabelle Merle, auteure d’Expériences coloniales. La Nouvelle-Calédonie. 1853-1920 (Anacharsis, 2020), revient avec nous sur le rôle et l’évolution de ces rouages de l’entreprise coloniale.
Les lacrymos, une arme de guerre civile Comment les gaz devinrent le poison favori des suprémacistes blancs
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Unai Aranceta, Ferdinand Cazalis et Elvina Le Poul
Texte original : « How Tear Gas Became the White Supremacist’s Favorite Poison », Mother Jones, 8 juin 2020.
Armes de « contrôle des foules » par excellence, les gaz lacrymogènes semblent être devenus l’un des outils privilégiés du maintien de l’ordre contemporain. Leur usage dans le cadre de manifestations publiques s’est systématisé ces dernières années, au point que l’image de rassemblements noyés sous les gaz semblent être devenue la norme. Aux États-Unis, la répression des mouvements Black Lives Matter a apporté une nouvelle illustration de l’usage disproportionné que la police fait de ses armes, en particulier lorsqu’il s’agit d’étouffer les revendications des groupes les plus discriminés. Mais alors que l’expérience des effets des gaz est de plus en plus partagée, leur histoire, qui plonge ses racines dans la Première Guerre mondiale puis dans la gestion coloniale, reste souvent méconnue.
American gods stories Migrations forcées, cultes détournés
Dans American Gods (2001), le romancier et scénariste de comics Neil Gaiman décrit les déboires de dieux et déesses de l’Ancien Monde débarqué·es en Amérique du Nord avec leurs fidèles. En mal d’adorateurs et d’adoratrices et en prise avec l’arrogance des nouvelles divinités du capitalisme, leur parcours fait écho à celui de millions de personnes ayant eu un jour à faire des États-Unis leur chez-soi. Seize ans plus tard, les scénaristes de la série adaptée du roman ont voulu prolonger ce parallèle jusqu’à l’ère Trump, insistant sur le continuum multimillénaire de l’histoire des migrations vers le sol américain. Anatomie comparée.
Pour ne plus taire les jours où Parole à voix nue et ses résonances
Le mouvement #Metoo, et de façon saillante certaines prises de parole, celles d’Adèle Haenel et, plus récemment de Camille Kouchner, comme mille autres récits d’abus, de viols, ont modifié l’écoute sociale envers les oppressions sexuelles. En s’intéressant aux feux qui couvent, le disque Terre de feu, qui accompagne le septième numéro de la revue papier Jef Klak, s’en fait chambre d’écho. L. s’est emparée du dispositif d’écoute et d’enregistrement que lui a tendu Aude Rabillon pour penser, énoncer, l’inceste qu’elle a subi. Elle perce les couches de silence et fait entendre la violence qui se propage en elle, et qui nous est impartie.
Fais-moi belle
Image de Une : Chloé Bertron
« Ta sueur d’aujourd’hui, c’est ton sourire de demain. » Hommage à celleux, passants prévenants, oncle ou voisine diligente, médecin et autres coaches sportifs à la petite semaine, qui nous veulent du bien.
Une bombe judiciaire à retardement Infortunes d’un manifestant face à une répression qui prend son temps
En 2016, Max a participé à un blocage contre la loi Travail. Ce jour-là, il est interpellé pour un pétard qu’il n’a pas lancé. La presse s’en mêle, la machine répressive s’emballe et dix policiers se plaignent opportunément d’acouphènes. S’en suivent procès au pénal et procès au civil. Le 8 décembre 2020, un tribunal vient de condamner Max à verser 82 000 euros de dommages et intérêts à ces policiers.
Covid-19 : la technologie ne nous sauvera pas Technosolutions pour détourner l’attention
Traduit de l’italien par Cabiria Chomel, Lucile Dumont et Claire Feasson
Texte original : « Pandemia. Di tecno-assoluzionismo e di come la tecnologia non ci salverà », <unit.abbiamoundominio.org>, le 7 mai 2020.
Alors qu’en cette rentrée, les dernières illusions de sortie de crise sanitaire s’évanouissent, chacun⋅e est invité⋅e à reprendre travail, école et loisirs. Qu’importe si les capacités de tests et de soin restent insuffisantes, et si les directrices d’école et les chefs d’entreprise espèrent ne pas avoir bientôt à déclarer un nouveau cluster. Pour (un peu) se rassurer, il faudrait compter sur la nouvelle grammaire numérique testée à grande échelle pendant le confinement : visioconférences, téléconsultations, applis de traçage, etc. Un collectif de hackers italien⋅nes passe en revue quelques-uns des écrans de fumée digitaux qu’on nous sert sur un plateau.